Introduction
Lorsque la future Mère Sainte Ludgarde naît en 1856, l’Institut avait lancé sa première mission il y a déjà cinq ans. Les soeurs, dont les écoles et pensionnats n’étaient implantés que sur le territoire français, ont été appelées par les Missions Étrangères de Paris (MEP) pour partir en mission en Malaisie. Elles forment une première communauté à Penang et y ouvrent une école. La mission connaît des débuts difficiles mais parvient à se maintenir ; elle est suivie d’autres fondations en Asie, à Singapour en 1854 et au Japon en 1876.
Le milieu du XIXe siècle est le second âge d’or des missions chrétiennes, un nouvel élan missionnaire sur fond de colonialisme, qui amène de nombreuses congrégations à se lancer dans l’aventure missionnaire – et à en accepter les risques. Les religieuses étaient au milieu du XIXe siècle presque indispensables à la société française de par leurs missions d’ordre sanitaire et social. Certaines purent même prendre le large pour partir en missions, une possibilité rare pour une femme européenne du XIXe siècle.
Néanmoins, dès les années 1880, malgré la présence en France d’au moins 130 000 religieuses, l’anticléricalisme se développe, notamment sous l’impulsion de la Troisième République. Les soeurs de l’EJNB se voient contraintes de fermer des premiers établissements ou d’en céder la direction à des laïcs. Partir en mission est alors pour l’Institut, reconnu congrégation en 1866 par la papauté, un moyen de continuer à répandre le foi chrétienne, enseigner et aider les plus démunis, dans l’esprit de Nicolas Barré.