VI/ Mère Mathilde aujourd’hui
Il ressort de la vie de mère Sainte-Mathilde Raclot le portrait d’une femme pieuse, rigoureuse, déterminée et fidèle à ses principes. Elle se révèle aussi sévère, inflexible et parfois exigeante. Sa longévité et sa santé robuste, doublées d’un dévouement et d’une grande endurance, lui permirent – non sans difficultés – d’étendre l’action de son Institut et de jouer un rôle majeur dans son expansion en Asie, et même d’atteindre le rêve de sa vie, l’apostolat du Japon. Loin d’être une figure contestataire ou réformatrice, mère Mathilde était avant tout une femme de son époque. Sa vie de missionnaire et de supérieure des missions d’Asie lui ont toutefois conféré des responsabilités très rarement accordées à une femme. Jusqu’à un âge avancé, mère Mathilde assumait ses responsabilités, prenait des décisions – parfois difficiles et contestées – était une administratrice et une gestionnaire avisée, et entretenait des relations avec la hiérarchie catholique et les autorités locales. L’élan missionnaire qui a porté mère Mathilde en Extrême-Orient lui offrit, toute proportion gardée, une certaine forme de « liberté ».
Sa figure est unanimement connue et respectée chez les soeurs de l’EJNB. Son abondante correspondance conservée dans les fonds d’archives en France, ainsi que les récits de ceux l’ayant personnellement connue, permettent d’approcher sa personnalité et ses actions. En France, Mère Mathilde peine cependant à sortir de ce cercle fermé et reste quasi-inconnue du grand public. Le bicentenaire de sa naissance en 2014 a été l’occasion de commémorer sa mémoire et de la faire connaître. Son action dans le domaine de l’éduction lui valut en 2014 son intronisation au Singapore Women’s Hall of Frame.
Sa mémoire est toujours vivace dans les provinces de Malaisie, de Singapour et du Japon, où les dates anniversaires ravivent son souvenir et commémorent les fondations : 170 ans de la fondation en Malaisie (2021) et à Singapour (2024) et les 150 ans au Japon (2022).