Introduction

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Bas-relief de l'auditorim de l'école Yokohama Futaba Gakuen représentant les cinq soeurs qui ont fondé la mission japonaise (entrée 2024-04, archives des soeurs de l'EJNB, 2022)

Le XIXe siècle fut incontestablement une période faste pour l’apostolat. Ce nouvel élan missionnaire, impulsé dès les années 1810 et couplé à l’amélioration progressive des moyens de transport, n’était pas une pure recherche d’aventure. Les missions avaient pour but d’apporter aux « païens » la civilisation chrétienne et sauver les âmes par la conversion. Dans un contexte de colonisation, l’internationalisation du christianisme liait inextricablement les considérations religieuses et politiques. C’est au cours de ce nouvel âge d’or des missions chrétiennes que naquit et vécut Marie Justine Raclot.

Elle fut une de ces « aventurières de Dieu », pour reprendre les mots d’Élisabeth Dufourcq, des religieuses dont la place dans les missions chrétiennes tend à être mieux connue et reconsidérée. Dès le XVIIe siècle, des religieuses partirent évangéliser le « Nouveau Monde » et surent être des actrices à part entière des missions. Au XIXe siècle, la vocation religieuse avait le vent en poupe. Au sortir de la Révolution française, l’augmentation spectaculaire des congrégations féminines et des entrées en religion offrit un vivier dans lequel puiser pour assurer des besoins dans le domaine du social et de la santé. On comptait alors 400 nouvelles congrégations féminines actives fondées entre 1800 et 1880, et 130 000 religieuses en 1880. Sans être obligatoirement cloîtrées, les soeurs pouvaient jouir par leur travail d’une situation respectable et être utiles à la société, peut-être briguer une direction, voire prendre le large pour des missions. Paradoxalement, à une époque où de strictes normes sociales régissaient la vie des femmes, les religieuses avaient des possibilités parfois plus grandes que celles des laïques.