V/ Implantation pérenne au Japon
Supérieure du Japon, mère Mathilde travaillait à la poursuite des oeuvres, au service des pauvres, l’enseignement, la gestion des bâtiments souvent détruits par des catastrophes naturelles, ainsi que la gestion et administration de la mission. La recherche de ressources pour financer et mettre en oeuvre les activités de la mission sollicitait beaucoup de son temps et son énergie. En effet, mère Mathilde s’était toujours montrée particulièrement fidèle à l’esprit de Nicolas Barré, soucieuse de soulager la misère et d’enseigner aux jeunes filles. Elle accordait une place importante aux soins des enfants, elle fit ouvrir des dispensaires pour les malades et cherchait des solutions pour l’enseignement des jeunes garçons.
À la mort de mère Mathilde, c’est trois mille jeunes filles qui ont été élevées par les soeurs. Cette lourde tâche de supérieure trouvait son aboutissement dans le développement de la mission des soeurs, et plus largement dans la présence catholique sur l’archipel.
Le 19 mars 1885, une fête était organisée à Yokohama pour les noces d’or apostoliques de mère Mathilde. La fin des années 1880 vit une amélioration des relations entre le pouvoir japonais et l’Église catholique. Les élites japonaises étaient friandes d’enseignements occidentaux, ce qui incita les MEP à solliciter les soeurs pour ouvrir des écoles à destination d’élèves issues de milieux favorisés.
À Tokyo, les soeurs donnèrent dans un premier temps des enseignements dans une école privée fondée par une catholique japonaise, avant de construire en 1888 leur propre pensionnat à destination des filles des élites japonaises. Plusieurs soeurs assuraient également des cours à la Société des langues étrangères dès 1898, à destination de jeunes filles de la noblesse. Mère Mathilde ne semblait pas particulièrement soutenir ces projets tournés vers une frange très favorisée de la population nippone.
Si les soeurs profitaient du dynamisme du pays, les changements de la fin du siècle dans la société japonaise les rendirent moins indispensables dans le domaine du social. De plus, l’enseignement religieux dans les écoles japonaises fut interdit par deux fois, par décret impérial en 1891 et par ordonnance du ministre de l’Education en 1899.
Malgré son âge avancé, mère Mathilde assurait toujours depuis 1876 la gestion et l’administration de la mission. Cependant, le poids de l’âge et des infirmités ne lui permettaient plus d’assurer totalement sa tâche, ce dont elle avait parfaitement conscience. Assistée par soeur Sainte-Ludgarde depuis 1897, mère Mathilde lui déléguait de plus en plus de tâches et activités. Elle commença à se retirer en 1902, alors qu’elle fêtait ses 50 ans de mission lors de plusieurs jours de festivités.
Mère Mathilde préparait un dernier projet, qui se concrétisa en 1903 avec l’ouverture d’une maison à Shizuoka, sous la direction de soeur Sainte-Ludgarde. Cette dernière reprit en 1907 la charge de supérieure de la mission de Yokohama, mère Mathilde ayant demandé à maintes reprises à la supérieure générale, mère Saint-Henri Desruelle, d’en être déchargée.
Très appréciée par ses élèves et ses consoeurs, son centenaire fut fêté en avance, le 7 juillet 1910. Affaiblie et malade, mère Mathilde s’éteignit le 20 janvier 1911 à Yokohama, à l’âge de 97 ans. Signe de sa notoriété, elle fut inhumée au cours de grandes funérailles, en présence d’un grand cortège et de nombreux notables.