II/ La continuité sous Albert Ier et Alice Heine (1889-1902)
Le roi Charles III décède le 10 septembre 1889. Les soeurs perdent leur premier et meilleur soutien. La princesse-mère Caroline décède en 1879. Florestine de Monaco, qui décède en 1897, n’aurait fait qu’une dernière visite en 1895.
Les soeurs purent toutefois compter sur le soutien d’Albert Ier et dans une certaine mesure de sa seconde épouse, l’américaine Alice Heine. Le prince supervisait les travaux pour de nouveaux bâtiments dont le pensionnat, inaugurés en 1891. L’ameublement est offert par le couple princier. La princesse Alice, parfois accompagnée de son époux, fit 27 visites entre 1890 et 1896.
Ces visites régulières et la libéralité de la princesse témoignent de son intérêt pour l’institution et elle fut pendant plusieurs années une intermédiaire de choix pour les soeurs : le 28 mai 1982, lors d’une visite, elle dit à une soeur : « Quand vous aurez quelque embarras, quelque difficulté parlez m’en […] demandez tout ce qu’il vous faut, le Prince rognera toujours mais vous obtiendrez quelque chose ».
Cette attention s’explique également par l’entrée dans l’établissement de sa fille Odile de Richelieu, née d’une première union. La princesse a sollicité les soeurs en 1890 pour que sa fille reçoive des cours particuliers, demande qui aurait été acceptée avec une certaine réticence. Pendant plusieurs années, Odile de Richelieu reçut des cours privés les matins au sein de la communauté de Monaco. Alice Heine, à la fois princesse consort et mère, fit de nombreuses visites chez les soeurs pour voir sa fille qui y jouissait d’un statut privilégié. Mère et fille ont présidé plusieurs loteries de charité organisées par l’institution. La princesse Alice fit plusieurs fois distribuer des gâteaux ou des cadeaux aux élèves et le couple princier a invité plusieurs fois les enfants pour une visite ou un goûter au palais.
Les relations avec la princesse Alice se dégradent à partir de l’année 1893, suite à un différend au sujet de l’Hôtel-Dieu, qui devait être retiré aux soeurs. Les soeurs ont cependant protesté contre cette décision du prince qui désirait mettre l’hôpital en adéquation avec les derniers progrès médicaux. La princesse Alice, qui semblait soutenir ce projet, aurait manifesté aux soeurs son mécontentement, notamment lors d’une visite impromptue en mars 1893 pendant laquelle elle se serait montrée malpolie.
Malgré les demandes des soeurs, le 16 juillet 1894, l’hôpital leur est retiré pour être confié aux Filles de la charité de Saint-Vincent-de-Paul. Passé 1896, il semblerait que la princesse Alice n’ait plus visité les soeurs et n’ait plus échangé de lettres avec elles.