I/ Fondation et premières années à Monaco (1862-1889)
La famille princière monégasque possède depuis 1854 un domaine à Marchais, dans l’Aisne. Il est proche de la communauté de Liesse à laquelle le prince Charles III se serait intéressé. Le 8 février 1862, il demande à la supérieure générale, la mère Saint-François de Sales de Faudoas, d’envoyer trois soeurs à la principauté pour y fonder une nouvelle mission. Il aurait formulé cette demande depuis six ans, qui a probablement fait l’objet de négociations préalables. La supérieure générale a accepté d’envoyer trois soeurs qui arrivent à Monaco le 12 février 1862.
Elles ont pour mission la tenue d’une école primaire pour filles ainsi que l’administration de l’Hôtel-Dieu. Depuis 1858, une ordonnance souveraine permettait que l’éducation primaire soit ouverte et gratuite aux enfants de la principauté. Les Frères des Ecoles Chrétiennes sont appelés pour l'enseignement des garçons. Les soeurs bénéficiaient du soutien de Charles III qui fit bâtir la première partie des classes de primaire, qui n’ont été achevées qu’en mars 1863. Un externat est ouvert en 1864. Face à l’augmentation du nombre d’élèves, les locaux devinrent vite exigus.
De 1862 à 1889, les membres de la famille princière firent au moins 21 visites des classes ou de l’hôpital. Le prince réalisait aussi ces visites dans le but de voir de lui-même les travaux à effectuer et prendre des décisions en conséquence. Les femmes n’avaient pas de pouvoir politique, mais elles pouvaient jouer un rôle d’intermédiaire et faire preuve de libéralité envers les soeurs.
La princesse-mère, Caroline Gibert, disposait encore d’une certaine influence politique sur son fils et elle s’intéressait à l’enseignement et aux oeuvres charitables. Sa fille Florestine, par son mariage duchesse d’Urach, revint souvent dans son pays d’origine et participait à la vie curiale. Les deux princesses firent de nombreuses visites au sein de l’institution et recevaient les soeurs quand elles se rendaient au palais.
En mai 1875, la duchesse d’Urach est marraine de confirmation des enfants. La famille princière offrit également plusieurs goûters aux enfants et les invitèrent occasionnellement à venir au palais. De nombreux articles de presse vantent les mérites de l’établissement, qui comptait en 1888 plus de 900 élèves.