IV Expansion de l’œuvre du Père Barré (1675-1686)

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Seule lettre autographe de Nicolas Barré conservée à ce jour, adressée à Sœur Le Teinturier (1682, archives des Sœurs de l'EJPR, 2 A 3-1D)

Nicolas Barré retourne au couvent de la place Royale, à Paris, en 1673. Il y exerce successivement les fonctions de confesseur, correcteur, et lecteur en théologie. Ce retour dans la capitale est l’occasion d’ouvrir des classes pour les enfants pauvres, à l’image de celles qui se répandent en Normandie. Les Maîtresses des Écoles Charitables commencent à enseigner dans la paroisse Saint-Jean-en-Grève, en 1675, puis à Saint-Nicolas-du-Chardonnet, en 1676, et Saint-Nicolas-des-Champs, en 1677.

Afin de former les Maîtresses, le Père Barré loue une maison rue Saint-Maur, dans le quartier Saint-Sulpice, et y crée un séminaire, en 1678. La communauté de Maîtres, dont le séminaire est ouvert la même année à Saint-Gervais, ne perdure pas, tandis que celle des Maîtresses prend de l’ampleur. Les jeunes femmes désireuses d’enseigner sont placées sous la direction de Marie Hayer, venue de Rouen à l’appel du Père Barré. Elle devient la première supérieure de la communauté parisienne, et exerce cette fonction jusqu’en 1695.

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Marie de Lorraine, duchesse de Guise, bienfaitrice des Ecoles Charitables (gravure de Balthasar Montcornet, source : gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France)

En parallèle, l’Institut fondé par le Père Barré s’étend en Picardie, notamment à Guise et à Liesse-Notre-Dame, où les Maîtresses sont appelées par la princesse Marie de Lorraine, une de leurs bienfaitrices. Des écoles sont également ouvertes dans le Midi, en réponse à la demande du roi pour lutter contre le protestantisme. Un groupe de Maîtresses est quant à lui envoyé à l’académie royale de Saint-Cyr pour former les futures Dames de Saint-Louis, entre 1686 et 1694.

L’œuvre de Nicolas Barré influence d’autres ecclésiastiques du XVIIesiècle, désireux de contribuer à l’éducation des enfants pauvres. C’est ainsi que Charles Démia (1636-1689), fondateur des Sœurs de Saint-Charles, Nicolas Roland (1642-1678), fondateur des Sœurs de l’Enfant Jésus de Reims, et Jean-Baptiste de La Salle (1651-1719), fondateur des Frères des Écoles chrétiennes, reçoivent le soutien du Père Barré dans leur entreprise. Françoise Duval, une des premières Maîtresses, est envoyée à Reims, en 1670, pour aider Nicolas Roland à fonder l’Institut des Sœurs de l’Enfant Jésus de Reims. En 1684, elle contribue à la fondation des Sœurs de la Providence de Lisieux par le chanoine Pierre Lange.

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Mention de Nicolas Barré dans le nécrologe des Minimes de France (1686, archives départementales de la Seine-Maritime, 39 H 2)