L’œuvre finale de sa vie : le Japon

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Mère Sainte-Mathilde Raclot et les soeurs de la maison de Yokomhama, archives EJNB, 1889

Après 18 jours de traversée, le groupe débarqua dans le port de Yokohama, le 28 juin 1872. Sœur Sainte-Mathilde Raclot voyait enfin son rêve d’enfant se réaliser... Le petit groupe fut pionnier, 200 ans après le départ des dernières femmes missionnaires. Les sœurs s'installèrent dans la ville et fondèrent une maison pour les enfants démunis. Mathilde Raclot, qui avait été désignée seulement comme accompagnatrice, ne put rester au Japon et dû rentrer quelques mois plus tard à Singapour, pour poursuivre l’implantation de l’Institut dans le pays. Elle resta malgré tout impliquée dans les activités de la province et apprit en 1873 avec joie que la mission était bénie par le Pape Pie IX.
Quelques mois plus tard, deux sœurs tombèrent malades. L’une décéda de la tuberculose et l’autre dut retourner à Singapour. Pour les sœurs restantes, non nipponophones, la tâche fut extrêmement difficile dans un territoire hostile. Pour les aider, Mathilde remua ciel et terre. Elle fit, en 1875, le déplacement jusqu'en France et ramena un groupe de 12 sœurs à Yokohama. Cependant, une nouvelle difficulté surgit quelques semaines plus tard, lorsque la supérieure de la province décéda.
Bien que très impliquée dans sa mission malaisienne et singapourienne, elle s’inquiétait de l’absence d’une supérieure pouvant accompagner la jeune province japonaise et le fit savoir au Conseil Général… qui, en réponse, la nomma supérieure de la province japonaise dans le courant de l’année 1876. Dorénavant installée au Japon, elle put enfin accomplir son rêve d’enfance : propager sa foi  dans cette terre de mission. Âgée de plus de 60 ans, elle apprit le japonais et incita l’ensemble des sœurs à l’imiiter pour pouvoir enseigner le catéchisme au plus grand nombre.
 Après 47 ans de sacerdoce et de travail acharné en faveur des plus démunis, le 30 novembre 1879, Mère Sainte-Mathilde Raclot put enfin prononcer ses vœux perpétuels[8]. Elle créa de nombreux lieux d’accueil pour aider les indigents, des écoles pour jeunes filles, ainsi que des centres de soins pour traiter les malades. Avec ses sœurs, elle travailla sans relâche pour trouver des fonds, des vêtements, de la nourriture et des médicaments pour aider un nombre grandissant d’indigents et contacta les lasalliens pour développer encore son action. Elle rencontra même à cette occasion Don Bosco, fondateur de l’institut éponyme, mais ces échanges ne se concrétisèrent finalement pas. Jusqu’à la fin de sa vie, sœur Sainte-Mathilde  contribua de façon active à l’expansion de l’Institut au Japon, depuis Yokohama jusqu’à Shizuoka en passant par la capitale, en accueillant et formant des novices. Elle n’oublia pas de poursuivre son engagement auprès des provinces de Singapour et de Malaisie et continua, malgré les conséquences sur sa santé, de s’y déplacer lors d'événements importants. C’est à Yokohama qu'elle rendit son dernier souffle, le 20 janvier 1911.
[8] Les vœux pour les sœurs ont été introduits en 1866, lorsque l’Institut fut officiellement reconnu par le Vatican.
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