Introduction
Située à Paris, sur la rive gauche de la Seine, la maison-mère des Sœurs de l’Enfant Jésus – Nicolas Barré joue un rôle capital dans l’histoire de la congrégation et de son fondateur.
En 1675, les supérieurs du Père Nicolas Barré, religieux Minime, l’appellent de Rouen à Paris, au couvent de la place Royale, pour enseigner la philosophie aux jeunes religieux.
À cette époque, de nombreux ecclésiastiques déplorent l’ignorance religieuse du peuple et les désordres de toutes sortes chez les jeunes. Les écoles sont alors payantes et trop peu nombreuses. À peine installé au couvent de l’Annonciation, place Royale, le Père Barré reçoit la demande de nombreux curés de réaliser la même action qu’il a menée à Rouen : créer des écoles gratuites et former des maîtresses des écoles charitables. Il ne reçoit cependant aucun encouragement de ses confrères minimes : « Jamais des femmes n’auront assez de force physique et de force morale pour être maîtresses d’école... », « Les femmes consacrées, doivent être cloîtrées », « Qui subviendra à leurs dépenses ?»…
Une maison mettant une pièce à disposition à la paroisse de Saint-Jean-en-Grève est trouvée. La princesse Marie de Lorraine, dont l’hôtel est dans le quartier du Marais, non loin du couvent des Minimes, alloue une aide financière.
Marie Hayer, « maîtresse des écoles charitables » enseignant à Rouen, est appelée par Nicolas Barré pour venir à Paris. Bientôt, plus de trente jeunes filles font l’instruction dans cinq autres paroisses. Les enfants viennent de toutes les rues, quand ils peuvent. Il faut alors trouver une maison pour réunir et loger les maîtresses des écoles charitables et assurer leur formation. Le père Barré en trouve une en location, en 1678, dans le quartier de Saint-Sulpice, au numéro 8 de la rue Saint-Maur (rue de l’Abbé Grégoire depuis 1880, après avoir été la rue des Missions à partir de 1858). Il en donne la direction à Marie Hayer.
Devenue la maison-mère des Sœurs de l’EJNB, cette bâtisse connaît l’évolution de la congrégation du XVIIe siècle à nos jours. Elle est aujourd’hui composée de trois bâtiments donnant sur la rue de l’Abbé Grégoire et la rue de Sèvres : la première maison louée par Nicolas Barré, l’hôtel de Jumilhac et l’hôtel de Prunelet. Son histoire est liée à celle des Dames de Saint-Maur, mais aussi de la place du christianisme en France.