Zoom sur un document - Aider la France en guerre : la contribution des Sœurs de Monaco (1914)

« Voici le mois d’août qui commence, et avec lui, les jours angoissants qui vont suivre : car l’Allemagne a déclaré la guerre à la France et la mobilisation générale, faite le 2 août avec tant d’enthousiasme, enlève à des milliers de foyers des fils chéris ou des chefs de famille, qui laissent les mères et les épouses en pleurs. La Principauté, si hospitalière aux étrangers, voit tous les Français l’abandonner en masse, et gagner les trains qui les amèneront à leurs dépôts » (annales de la communauté de Monaco, 1914, 1 M 33-5).

Le prince Albert 1er (1848-1922) déclare Monaco neutre durant la Première Guerre mondiale. Pour autant, la principauté, d’abord désertée à cause de la mobilisation, devient un lieu de refuge pour certains Français. La famille princière est impliquée dans le conflit : Louis II (1870-1949) s’engage aux côtés des soldats français et Mademoiselle de Valentinois auprès des blessés. La vie dans la principauté est transformée. Les annales rédigées par les Sœurs de la communauté de Monaco témoignent de la continuité de leur mission éducative, ainsi que de la mobilisation en faveur des victimes de la guerre et des plus démunis.

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Le pensionnat des Dames de Saint-Maur de Monaco (carte postale, s.d., 1 M 33-2)

Enseigner

Les Sœurs de l’EJNB arrivent à Monaco en 1862, à la demande du prince Charles III. Le souverain découvre leur œuvre en matière d’éducation à Liesse, dans l’Aisne, qui est situé près du château de Marchais, appartenant à la famille princière. À Monaco, l’Institut se charge de trois écoles publiques (Monaco-ville, La Condamine, Monte-Carlo) et d’un cours privé.

Durant la Première Guerre mondiale, les religieuses ne ferment pas leurs écoles. Si certaines élèves doivent interrompre leur scolarité pour aider leur famille dans les tâches quotidiennes, et que des Sœurs connaissent des deuils dans leur famille, les classes restent ouvertes et remplies.

« La guerre, poursuivant ses ravages, diminua un peu le nombre de nos enfants, car plusieurs d’entre elles, ayant leurs pères mobilisés, durent rester auprès de leurs mères, pour adoucir le vide fait au foyer familial » (annales de la communauté de Monaco, 1914, 1 M 33-5).


Assister les plus démunis

La famille princière s’engage en faveur des blessés et réfugiés français. De prestigieux hôtels monégasques sont, par exemple, transformés en ambulances*. Les religieuses, soucieuses d’apporter leur aide dans cette période de troubles, proposent leurs services comme infirmières. Suivant les volontés du prince, elles se tournent plutôt vers la garde des enfants pauvres, de 4 à 10 ans, à l’hôtel Carlton de Monte-Carlo.

Les Sœurs participent également à l’assistance offerte par la principauté en  distribuant, deux fois par jour, la soupe populaire. Les récapitulatifs de ces distributions, envoyés à la maison-mère, probablement comme justificatifs de dépenses, ont été conservés. Ces repas sont aussi l’occasion pour les Sœurs de poursuivre leur action évangélisatrice.

« En se dévouant à la partie matérielle de leur charge, chacune de nos sœurs s’efforce surtout d’atteindre l’âme de ces pauvres réfugiés, dont un certain nombre hélas ! vivent éloignés du Bon Dieu » (annales de la communauté de Monaco, 1914, 1 M 33-5).


* Dans le vocabulaire militaire, une ambulance désigne un hôpital temporaire.

Récapitulatif des soupes distribuées entre septembre 1914 et août 1915 (1 M 33-2)


Un document : les annales de la communauté de Monaco (1914, 1 M 33-5)

 


Bibliographie

CHARDAN (Romain), « La Grande Guerre vue de Monaco », Monaco hebdo, 8 août 2014, [en ligne], disponible sur http://www.monacohebdo.mc/14739-la-grande-guerre-vue-de-monaco (consulté le 22-03-2019).

Article rédigé par Emilie Papaix, archiviste des Soeurs de l'Enfant Jésus - Nicolas Barré