A celle qui devait succéder à la Mère de Lesniers, la Providence réservait une part bien douloureuse : les épreuves et le bouleversement de la Révolution.

Née à Chirac (Lozère) le 23 mars 1728, elle entra au Noviciat en 1749 et fit profession le 12 octobre de la même année. Elue 1ère Assistante et Maîtresses des Novices le 27 mai 1761, elle était bien connue dans l’Institut au moment où elle entra dans sa charge de 8e Supérieure Générale.

Le premier acte qu’elle posa fut de remettre en vigueur un article des Constitutions rédigées par M. Tiberge, stipulant que toutes les supérieures devaient être soumises à une réélection tous les 3 ans, ceci n’ayant guère été observé surtout pour les Supérieures générales. Réélue en 1784, elle fut aidée de 4 Assistantes. A la suite de Mère de Bosredon, elle essaya, mais en vain d’obtenir les lettres patentes tant désirées et que le Père Barré n’avait jamais voulues. L’histoire lui donna raison car, même au travers de la tempête révolutionnaire, l’Institut vécut sans elles.

Réélue en 1787, Mère Aldebert travailla à la rénovation de la Maison-Mère (grande croix de chêne élevée sur un piédestal de pierre, réfection de la toiture, des peintures, etc). En 1782, elle avait fondé La Canourgue, en 1786, Saint-Die, en 1788, Saint-Ouen-L’Aumône. Le 13 novembre 1789, l’Assemblée Nationale par un décret, exigeait la déclaration détaillée de tous les biens des Congrégations. Mère Aldebert se conforma à la loi, mentionnant que nous n’étions pas un ordre religieux et que les biens appartenaient à « quelques Sœurs ». Le 25 juin 1790, elle dut verser la Contribution patriotique de 688 livres, mais le 8 novembre 1791, elle refusa énergiquement de rendre des comptes aux Commissaires de la Municipalité. Elle et toutes les Sœurs refusèrent de prêter le serment constitutionnel mais acceptèrent le serment dit de liberté et d’égalité. Le pire advint avec la loi du 18 août 1792 qui supprimait à tout jamais « toutes les corporations religieuses et congrégations séculières d’hommes et de femmes, ecclésiastiques ou laïques, même celles uniquement vouées au soulagement des malades ».

Comment et de quoi vécurent les Sœurs qui demeurent sur place et reçurent même des novices ? Mère Aldebert dut fournir la liste du personnel de la Communauté. Les Sœurs furent dispersées, munies d’une attestation d’agrégation à l’Institut datée, par prudence, du 9 septembre 1792. La Maison-Mère fut envahie (mais non vendue comme Bien National) et Mère Aldebert se cacha dans Paris, puis à Chirac, essayant de garder le contact avec les sœurs. Le 9 mai 1805, elle fit appel à tous les membres dispersés, mais refusa un nouveau mandat. Elle mourut le 14 juin 1809 à Chirac, à 83 ans.

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Vie du révérend père Barré, Bar-le-Duc, Œuvre de Saint-Paul, [1892], p. 106-225.]]>