Au mois d’octobre de l’année 1676, la communauté avait admis dans l’Institut une jeune fille d’un rare mérite, Marie Hayer, fille d’un médecin de Bernay (diocèse de Lisieux). Le Père Barré n’hésita pas à mettre cette jeune Sœur avec quelques autres sujets, à la disposition de Marie de Lorraine, qui les envoya aussitôt à Guise. En très peu de temps, Sœur Hayer put établir des Ecoles Charitables, non seulement à Guise, mais en diverses localités des domaines de la princesse : Aubenton, Hirson, Boue, Nouvion.

Il fallait une maîtresse des novices. Avec son merveilleux discernement des aptitudes, le Père Barré appela à cette importante fonction Sœur Hayer qu’il avait fait venir de Rouen, peu après son entrée dans l’Institut. Les deux années qu’elle venait de consacrer, soit à la fondation des écoles de Guise, soit à la direction de l’importante maison de Saint-Jean-en-Grève, à Paris, avaient merveilleusement confirmé, dans l’esprit du Père, l’idée qu’il s’était faite de ses rares qualités.

Sœur Hayer fut à la fois la première maîtresse des novices et la première Supérieure générale de l’Institut.

Elle apporta à cette double charge, avec les élans et la vigueur de la jeunesse, tout le sérieux d’un jugement mûri par l’expérience, et un amour très prononcé pour la vie séparée du monde.

Cet amour devint même pour elle le principe d’une tentation subtile. Etant allée une fois, à l’époque des vacances, passer quelques jours à Bernay, elle se sentit fortement inclinée à entrer dans un monastère cloîtré de cette ville. La tentation lui disait que là, elle trouverait une règle plus austère qu’elle ne l’avait à Paris, et une séparation bien plus complète d’avec le monde. Mue par le désir inavoué de l’avoir plus près d’elle, sa famille l’engageait fortement à suivre cette inclination.

Mais l’humble fille du Père Barré ne voulut pas prendre une telle détermination sans consulter son vénéré Père. Celui-ci fut d’avis qu’il fallait différer l’exécution de ce dessein, dans lequel il inclinait à voir une tentation et une illusion.

« En restant hors du cloître, dans l’œuvre des Ecoles Charitables, Sœur Hayer pourrait faire infiniment plus de bien. En agissant autrement, elle quitterait une vie laborieuse et très utile à l’Eglise, pour en embrasser une autre, bonne sans doute, mais bien plus tranquille et bien moins occupée. »

Sœur Hayer demeura fidèle à son poste.

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Positio de Nicolas Barré, p. 142, 165-166 et 230.es, Paris, éditions du Cerf, 1994, p. 122- 133.]]> Maximes particulières pour les écoles charitables de l’Institut du révérend père Barré, dans BARRÉ (Nicolas), Œuvres complètes, Paris, éditions du Cerf, 1994, p. 122-133]]>