Marie-Justine Raclot naquit à Suriauville (Vosges) le 9 février 1814. Ce village est situé aux confins de la Lorraine, non loin de Mattaincourt (ville de St Pierre Fourrier). Sa famille — cultivateurs honorablement connus — lui donna une solide éducation chrétienne. Après des études primaires à Laniarche, elle fut envoyée au pensionnat Saint-Maur de Langres. C’est là que naquit en elle un appel à la vie religieuse et plus spécialement à l’apostolat. Dans son livre de géographie, elle rêvait sur la carte du Japon. D’ailleurs dans la relation de son arrivée au Japon, elle écrira : « Je voyais donc enfin cette terre bien aimée, objet de mes rêves d’enfant ».

Sa mère voyant se développer en elle une profonde piété et ne voulant pas admettre cette vocation, la retira du pensionnat avant la fin de l’année scolaire. Marie avait 16 ans. Devenue très timide et n’osant s’ouvrir de ses projets, c’est un ami de la famille qui ouvrit les yeux de ses parents. Après bien des résistances, ils la laissèrent enfin rejoindre le couvent de Langres le 15 octobre 1832. Elle y poursuivit ses études tout en rendant des services à l’école.

C’est le 5 septembre 1833 qu’elle entra au Noviciat à Paris, où elle prit l’habit le 2 février 1834 sous le nom de Sœur Sainte Mathilde. Après sa première profession (19 mars 1835), elle fut envoyée à Bagnols (Gard). Là, comme à Béziers et à Sète où elle fut ensuite envoyée, l’exubérance des jeunes méridionales la surprit. Elle y révéla sa profonde maîtrise d’elle-même et son autorité d’éducatrice, ferme et douce à la fois.

Dans les années 1850, des pourparlers étaient engagés entre les Pères des Missions Etrangères de Paris et Mère de Faudoas pour un envoi de Sœurs en Mission en Extrême-Orient. Suivant de près cette nouvelle Mission, Sœur Sainte Mathilde s’y prépare en secret par la prière et l’acceptation de supporter la chaleur et l’humidité du Midi. Elle commence même à apprendre l’anglais. Le 15 septembre 1852, Mère de Faudoas lui envoie ce message « Quittez tout et venez » Le soir même, elle partit pour Paris. Nommée Supérieure de la Fondation de Penang, elle quitta Paris pour Southampton, le 17 septembre où elle embarqua sur le Bentick avec 3 compagnes. A Suez, c’est l’Indostan qui les mènera à Penang où elles débarquent le 28 octobre 1852.

Le premier convoi avait été - presque - un échec, par manque de préparation et à cause des défections et des maladies. Energique et organisée, Mère Sainte Mathilde règle avec bon sens la vie des Sœurs et les encourage à apprendre les langues du pays. Leur mission était de s’occuper des orphelines. Les débuts furent très durs. En 1853, un 3e convoi de 3 Sœurs arrivait et l’on envisagea de fonder à Singapour. Mère Sainte Mathilde s’y rendit avec le Père Beurel. Fondation réalisée le 5 février 1854.

Désormais la vie de Mère Sainte Mathilde se passa en accueil de nouvelles Sœurs, en fondations de divers lieux de Mission, en construction de bâtiments, en organisations d’orphelinats, d’écoles, de pensionnats... En 1859, Malacca. En 1867, elle effectue un rapide voyage en France pour y rendre compte de sa mission.

Mais l’heure... du Japon approche. C’est à la Pentecôte 1872, que Mgr Petitjean fait appel aux Sœurs de Saint Maur (une autre congrégation ayant fait défection). La réponse est à donner en urgence. Après un échange de télégrammes entre Singapore et Paris, le Lundi de Pentecôte (20 mai 1872) le « OUI » arrive. Le 28 juin , 4 Sœurs (dont Mère Sainte Mathilde qui a déjà 58 ans !) débarquent à Yokohama.

Etude du Japonais, fondations diverses à Tokyo, Shizuoka, suivi de la mission de Malaisie, accueil des premières novices.., auront raison de la santé et de la résistance de la courageuse missionnaire.

C’est à Yokohama, dans ce Japon dont elle avait rêvé depuis les bancs de l’école, qu’elle retourna vers le Seigneur, le 20 janvier 1911.

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