Contact avec une terre inconnue
Lorsque les Sœurs de l’EJNB arrivent au Japon, le pays a connu une fermeture totale de ses frontières depuis plus d’un siècle. Il leur faut découvrir les coutumes de cette terre inconnue et entrer en contact avec les Japonais. Cette différence de culture donne lieu à des situations comiques, comme le relève Mère Sainte Mathilde Raclot dans les annales de la communauté de Yokohama :
« Sur notre chemin notre costume excita grandement la curiosité et l’étonnement des Japonais ; ils sortaient de leurs maisons pour nous voir plus aisément et se demandaient l’un à l’autre de quel sexe nous pouvions être, et le pourquoi de notre apparition dans le pays ; plusieurs nous suivirent jusque sur la montagne où notre maison était située. Le lendemain les journaux faisaient mille conjectures sur notre venue, ceux des Européens s’en réjouissaient ; mais ils trouvaient notre habit très peu à la mode, "very little fashionable" » (1872, archives des Sœurs de l’EJNB, annales de Yokohama).
Les religieuses commencent l’apprentissage du japonais dès leur arrivée. Mgr Petitjean leur en donne d’abord les rudiments, puis les Sœurs s’adonnent à une étude assidue sous sa direction, non sans difficultés.
Le Japon est également un territoire qui a ses spécificités. Celles-ci s’ajoutent aux difficultés rencontrées par les Sœurs en matière de moyens humains et matériels. Leur bâtiment est exigu et ne suffit rapidement plus à leurs besoins. L’argent manque, ainsi que les religieuses. Mère Sainte Mathilde Raclot se montre insistante auprès de la supérieure générale pour que des Sœurs françaises soient envoyées au Japon, où tout est encore à faire. Cependant, les quelques religieuses envoyées ne résistent pas au long et dur voyage en bateau. En plus de ce premier périple, il faut compter sur le climat inhabituel pour les religieuses, et les nombreuses épidémies qui font rage en cette fin de XIXe siècle (choléra, typhus, petite vérole, typhoïde).
Les tremblements de terre et typhons sont également des catastrophes régulières au Japon. Les religieuses doivent y faire face bien des fois, et subir les pertes humaines et matérielles qu’elles entraînent.