Une fondation pionnière

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Copies des lettres concernant la fondation d'une communauté au Japon (1872, archives des Soeurs de l'EJNB, 4 M 8-1)


La veille de la Pentecôte 1872, les Sœurs de l’EJNB présentes en Malaisie reçoivent une lettre de Monseigneur Bernard Petitjean (1829-1884), vicaire apostolique du Japon et membre des Missions étrangères de Paris. Il s’agit d’un appel à venir au Japon, et d’être ainsi la première congrégation religieuse féminine à fouler le sol japonais, suite au refus des Sœurs de Nevers.

La congrégation est alors en train de s’étendre hors de France, où elle possède de nombreuses écoles sur l’ensemble du territoire. Les Sœurs sont présentes en 1852 en Malaisie, puis en Espagne, en 1860. Lorsqu’elles sont contactées pour aller au Japon, leur projet est de partir pour le Siam. L’occasion de se rendre sur la terre nippone est cependant exceptionnelle. La supérieure de la province de Malaisie, Mère Sainte Mathilde Raclot, envoie un télégramme à la supérieure générale de la congrégation, à Paris, Mère de Faudoas, la ligne de télégraphe Singapour-Paris venant tout juste d’être mise en place. La réponse est positive. Mère Sainte Mathilde Raclot accompagne quatre Sœurs pour leur voyage jusqu’à Yokohama.

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Télégramme envoyé par Mère Sainte Mathilde Raclot à la supérieure générale pour fonder une communauté au Japon (1872, archives des Soeurs de l'EJNB, 4 M 8-1)

Le 10 juin 1872, ce sont les Sœurs Saint Norbert Lévesque, nommée supérieure du Japon, Gélase Crespin, Saint Ferdinand Constantin et Saint Grégoire Conolly qui partent avec leur ancienne supérieure. Le voyage n’est pas sans embûches. Le bateau et son équipage doivent faire face à une tempête peu avant leur arrivée sur les côtes japonaises. Les Sœurs arrivent le 28 juin. Leur voyage, tout comme leur mission, est empreint de la mémoire des martyrs chrétiens. Dans sa riche correspondance, Mère Sainte Mathilde Raclot écrit :

« On se rapprocha des côtes de la Chine en n’avançant que lentement et d’un pas indécis, l’horizon devant nous était affreux, les vagues battaient avec force les flancs du navire, traversaient le pont, pénétraient dans les cabines, le commandant paraissait inquiet et ne quittait plus son poste ; tout l’équipage était équipé à la manœuvre […], leurs longues figures excitaient notre hilarité qu’ils ne comprenaient point… Que pouvait nous être la mort quand de tout cœur nous courions vers la terre des martyrs ! » (1872, archives des Sœurs de l’EJNB, annales de Yokohama)